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Atelier Savalli - la Faïencerie d'Apt

JEAN CLAUDE SAVALLI - ARTISTE FAIENCIER

 

Jean Claude SAVALLI Faience d'AptJe suis venu à la céramique en voulant arrêter de fumer ! C’était en 1994. Il fallait que j'occupe mes mains ! Je suis allé à lMJC d'Apt, où j'ai passé deux ans dans l'atelier de céramique animé par Catherine Chaumien, qui m'a appris à tourner. au bout de deux ans, elle m'a dit : "Je n'ai plus rien à t'apprendre". 
Comme Apt est une ville de tradition faïencière, je me suis mis à chercher et à lire tout ce qui se rapporte à la faience d'Apt. 
Mais, la maîtrise technique, on ne la trouve pas dans les livres. Je suis arrivé peu à peu, en allant au musée, et par l'observation, à comprendre le mélange des terres. 

Au debut, j'ai travaillé dans mon garage, puis dans ma salle de bains ! Je cuisais dans le garage, je fabriquais dans ma salle de bains. Toutes ces années, je faisais de la recherche. A cette époque, je voyais souvent Jean Faucon. Il était le compagnon de ma nièce et venait fréquemment à la maison. Un peu par défi je lui disais : " Je vais trouver ton secret ! " Je n'ai pas eu de mal à trouver le jaspé, tout seul, après plusieurs mois de recherches et d'essais. Il m'a dit : "C"est très bien Jean Claude, mais tu ne trouveras jamais le secret du flammé ! ". Après quelques mois encore, il est revenu dans mon "atelier" et il a vu que je m'approchais du flammé. C'est alors qu'il m'a dit : "Bon, je vais te montrer ! ". Et c'est ainsi que j"ai pu faire de la terre flammée. Je n'ai eu aucune autre formation, à part une semaine à Sièvre sur l'émaillage, les glaçures, sans que cela ne m'apporte grand chose. C'est en travaillant, en étudiant, en faisant mes petites recettes, que je suis arrivé à comprendre comment "fonctionnent" les terres mêlées.


L'aventure technique dans laquelle je m'étais lancé m'a incité à aller encore plus loin et à travailler les terres incrustées comme le faisait Joseph Bernard, et les terres mosaïquées comme Gerbino. J'ai par exemple compris qu'il fallait utiliser des terres mêlées crues pour faire de la céramique mosaïquée, et qu'il fallait lier entre eux ces petits carreaux avec de la barbotine noire, c'est-à-dire avec une argile colorée à l'oxyde de manganèse. J'ai donc faite mienne la parole de Léonard de Vinci : " Non c'é arte senza tecnica ! ".

Je suis actuellement en train de mettre au point un nouveau flammé plus compliqué. Ça sortira quand ça sera prêt. C'est toujours un processus long, je prends des notes, je fais des esquisses, des essais ; je recommence jusqu'à ce que ça marche. Ça se passe dans la tête puis dans les mains par l'écriture et enfin sur la tournette et l'établi. La faience d'Apt demande aussi beaucoup d'amour; là, c'est un plat que j'ai commencé ce matin, j'y ai travaillé toute la journée. Je vais nettoyer cette assiettes; je vais la caresser comme une femme. Ce sont des gestes semblables à de la tendresse, pour lui donner un beau lissage, une belle couleur.

J'ai ouvert mon premier atelier en ville, en 2009, rue d'Estienne d'Orves. Je suis installé ici, rue Eugène Brunel, depuis trois ans, dans un atelier qui fait également office de magasin.
Mes premiers moules je les ai fait faire par un mouleur de Vallauris, M. Baragona, qui était aussi le mouleur de Gerbino, de Jean Marais, de Picasso. Par la suite, Serge Saïd m'a donné tous ses moules; j'en ai acheté quelques-uns à Toni Pitot. J'ai eu aussi des moules et un four qui ont appartenu au faïencier Blauvac. Lui aussi faisait des faiences dans son garage à Rustrel. Les moules Blauvac étaient aussi de Baragona.

JC Savalli - Faiencerie d'Apt
Ma production est assez diverse.
Je fais des service de table sur commande, des objets isolés, des pièces décoratives. Là, je prépare un service de table pour un client étranger. Dans le magasin, vous pouvez aussi voir des animaux en terres mêlées. Je ne sais pas comment ils sont venus. Ce sont des chats, des chouettes, des hérons, des canards, des serpents. C'était pour apporter quelques chose d'autre à la faience d'Apt, qui ne se faisait pas encore. Avec le flammé associé au marbré, je peux suggérer les plumes des hérons et des canards. Je fabrique aussi des petites pièces, pour être à la portée de toutes les bourses. Un jour, quelqu'un m'a commandé un fraisier à pieds de lions. C'est M. Rigo, très serviable, qui m'a passé le moule des pieds de lion.

Ma clientèle est plutôt touristiques, à part quelques personnes d'Apt. J'essaie de diversifier ma fabrication, ce qui dérange parfois, lorsque les gens voient de nouvelles créations. Ma clientèle, je la vois surtout en été. En hiver, on prépare les commandes. Je n'ai pas le temps de faire les salons. Les marchés. A part un revendeur à Paris, mon point de vente, est ici à Apt. J'ai également un site internet pour permettre à ceux qui sont plus loin de découvrir la faience d'Apt, comme par exemple les Américains qui en sont très friands.

Il faut dire que j'ai eu tout jeune une attirance pour l'art. Je suis né et j'ai grandi en Tunisie. Mon père, d'origine italienne, m'emmenait tous les dimanches visiter les musées, les monuments, les vestiges anciens. Il était très amoureux de Carthage, il y passait tous ses dimanches, entre les ruines romaines, Sainte-Lucie, le tombeau d'un croisé... J'ajoute qu'il était tonnelier, comme mes aïeux depuis plusieurs générations. Pendant sept ans, j'ai eu moi-même ma 
fabrique de tonneaux en Tunisie. Elle s'appelait "La tonnellerie de Carthage" !

Un souvenir marquant
: à chaque fois qu'on ouvre le four, et qu'on voit ce qu'on a fait, on se dit que c'est beau. C'est un plaisir renouvelé à chaque fois. Ou lorsque la ville d'Apt a acheté un ensemble de mes pièces en 2003, pour le Musée de l'Aventure Industrielle.


Mon souhait le plus cher : J'aimerais bien qu'une école de céramique s'ouvre à Apt, pour que je puisse transmettre mon savoir.



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